Génération anxieuse
Un livre de Jonathan Haidt
Une plongée dans le mal-être adolescent à l’ère du numérique
Dans Génération anxieuse, Jonathan Haidt dresse le portrait d’une jeunesse en proie à une fragilité croissante, marquée par une montée alarmante des troubles psychiques depuis le début des années 2010. L’auteur, psychologue social renommé, y voit une cassure historique : l’irruption massive du smartphone et des réseaux sociaux dans la vie quotidienne a bouleversé l’enfance telle qu’on la connaissait.
Une crise silencieuse mais fulgurante
Haidt observe une explosion des cas de dépression, d’anxiété, d’automutilation et de tentatives de suicide chez les adolescents, et plus encore chez les jeunes filles. Cette dégradation brutale de la santé mentale coïncide, selon lui, avec la généralisation des téléphones intelligents et l’essor des réseaux sociaux, et non avec d’autres bouleversements économiques ou politiques. Le phénomène s’étend à travers le monde occidental, suggérant une cause profonde, technologique et culturelle.
L’auteur déplore la disparition progressive de l’enfance active, libre, faite de jeux physiques, d’autonomie et de confrontations concrètes avec le réel. Elle a laissé place à une enfance ultra-sécurisée, encadrée, numérisée, où la moindre prise de risque est perçue comme une menace. Cette culture de la "surprotection", ou safetyism, appauvrit le développement émotionnel des enfants, les rendant plus vulnérables aux angoisses de l’existence.
Haidt identifie quatre effets délétères majeurs liés à la vie numérique :
- L’isolement social, où les interactions virtuelles remplacent les liens humains réels.
- Le manque de sommeil, conséquence d’un écran omniprésent jusque dans le lit.
- La fragmentation de l’attention, sabordant la concentration et la pensée profonde.
- L’addiction comportementale, nourrie par la recherche compulsive de validation en ligne.
Si tous les jeunes sont affectés, les filles souffrent plus intensément de la comparaison sociale, du cyberharcèlement et de l’esthétique tyrannique imposée par Instagram et TikTok. Les garçons, eux, semblent dériver dans des solitudes numériques, absorbés par les jeux vidéo et les contenus passifs, au détriment des relations réelles.
Au-delà des symptômes psychiques, Haidt pointe un effondrement plus profond : la perte de pratiques spirituelles et contemplatives, le recul de l’ancrage dans la nature et le silence. En s’immergeant dans un flux incessant de stimulations, les jeunes perdent le lien avec eux-mêmes et avec le monde. Un appel à la résistance collective
Haidt ne se contente pas du constat. Il propose des pistes concrètes, parfois radicales, pour inverser la tendance :
- Retarder l’accès aux smartphones et interdire les réseaux sociaux avant 16 ans.
- Bannir les téléphones des écoles.
- Rétablir le jeu libre et non surveillé.
- Promouvoir une régulation publique et parentale des technologies.
Un livre indispensable pour tous les parents, éducateurs et plus généralement pour toute personne s'interessant à la jeunesse et à sa protection. Aujourd'hui il est indispensable d'avoir les bons outils et l'argumentation nécessaire pour répondre aux questions de la jeune génération sur ce sujet et le livre de Jonathan Haidt nous donne tous les éléments pour y répondre.
O. G - Mai 2025
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